La Russie a battu la Suisse 5-2 dans le match pour la médaille de bronze du Championnat mondial junior 2019 de l’IIHF, samedi, où les habiletés de première classe et l’opportunisme ont eu raison de la mentalité de ne jamais s’avouer vaincu.
Lors du premier match à Vancouver, les Suisses, que l’on prenait pour perdants, ont tenu bon jusqu’à la fin face aux Russes, mais ils n’ont pu générer suffisamment d’offensive.
« Ce n’est pas un mauvais résultat pour un gros tournoi », a dit le capitaine russe Klim Kostin, qui a été hué au Rogers Arena, mais qui a marqué l’éventuel but gagnant au milieu de la deuxième période.
Kirill Slepets a ouvert la voie avec un tour du chapeau, et Nikita Shashkov et Klim Kostin ont aussi marqué pour la Russie.
« Je ne crois pas avoir si bien joué pendant tout le tournoi, mais dans ce match, j’ai pu marquer trois buts et aider l’équipe », a dit Slepets.
Valentin Nussbaumer et Yannick Bruschweiler ont répliqué pour la Suisse qui a dominé la Russie 36-24 dans la colonne des tirs au but.
« Ce fut assez surprenant pour nous, mais au bout du compte, nous ne rentrons pas au pays avec une médaille, et ça, c’est décevant », a dit le défenseur suisse, Davyd Barandun.
Le gardien de but Pyotr Kochetkov, qui joue avec le HK de Ryazan dans la VHL et qui n’a pas été repêché par une équipe de la LNH, a réussi des arrêts spectaculaires pour préserver l’avance de la Russie, rendant hommage au numéro 20 de son chandail. Ce numéro a été rendu célèbre par Vladislav Tretiak, membre de l’équipe des étoiles du centenaire de l’IIHF et président de la Fédération de hockey sur glace de la Russie.
Bien que l’équipe de l’entraîneur Valeri Bragin soit déçue de ne pas avoir remporté la première médaille d’or de la Russie depuis 2011, remonter sur le podium est un vaillant exploit en soi. La Russie avait remporté sept médailles consécutives avant de terminer cinquième l’an dernier à Buffalo.
« Nous avons eu une réunion seulement les gars », a affirmé le capitaine adjoint Dmitri Samorukov. « Nous en avons parlé. Nous avons tenté de parler de ce que nous devrions faire aujourd’hui. Et cela a fonctionné, car nous avons gagné. »
Grâce à une mention d’aide, Grigori Denisenko a pris le premier rang des pointeurs du tournoi (4-5-9). La mention d’aide accordée à Alexander Romanov a ajouté à son avance comme meilleur pointeur parmi les défenseurs (1-7-8).
Ce fut un beau parcours pour les Suisses à Vancouver et Victoria. Ils ont remporté leur seule médaille de bronze en 1998 à Helsinki grâce en grande partie à l’excellent travail de David Aebischer devant le filet. Ceci est la troisième fois qu’ils finissent quatrièmes après 2002 et 2010.
« C’était notre objectif pour le tournoi d’atteindre les demi-finales », a déclaré le Suisse Nico Gross. « Mais pas seulement les demi-finales. Nous voulions aller plus loin. Nous voulions jouer pour une médaille. Nous sommes vraiment déçus de ne pas avoir cette médaille. »
Avec une formation solide, mais peu remarquable, l’entraîneur suisse Christian Wohlwend a motivé son équipe à travailler fort à chaque match de la ronde préliminaire et lors de la victoire surprise de 2-0 sur la Suède en quart de finale. Les Suisses peuvent rentrer chez eux la tête haute.
« Je pense que nous jouons de mieux en mieux », a ajouté Barandun. « Nos entraîneurs s’améliorent. Chaque année, la Suisse va jouer dans la première division. »
Au bout du compte, le résultat du match pour la médaille de bronze est sans doute ce que la plupart des observateurs auraient prédit après que la Russie a perdu 2-1 aux mains des États-Unis et que la Suisse a perdu 6-1 contre la Finlande en demi-finales.
Slepets a ouvert le pointage pour la Russie à 4 min 25 s. L’avant du Lokomotiv de Yaroslavl a profité de tout de temps et de tout l’espace voulu pour dribler la rondelle le long de la bande droite avant de déjouer le gardien partant de la Suisse, Luca Hollenstein, d’un tir entre les jambières avec une feinte du coup droit.
« Il est assez rapide! », a dit Samorukov avec le sourire à propos de Slepets. « Je ne savais pas ça. Nous avions dit qu’il allait marquer lors d’un contre un avec le gardien de but. »
Deux secondes après la fin d’un avantage numérique suisse, Shashkov a doublé la marque à 2-0 à 13 min 44 s avec un tir dans la partie supérieure du côté du bâton.
La plus importante défaillance de la défensive russe en première période a permis à Philipp Kurashev, le meilleur buteur de la Suisse avec six buts, de se retrouver seul devant le filet alors qu’il restait moins d’une minute au chronomètre. Cependant, Kochetkov a harponné la rondelle; le légendaire Johnny Bower des Maple Leafs de Toronto aurait été fier.
« Première période, terrible », a dit Wohlwend des Suisses. « Terrible. Je n’y comprenais rien, tout le personnel des entraîneurs n’y comprenait rien. Une si belle occasion et nous dormions. Nous avons joué de façon craintive, nous avons joué lentement, sans courage, et oui, j’ai dû élever le ton un peu dans le vestiaire. Et puis, cela a fonctionné. »
Au deuxième tiers, la Suisse a ressenti l’urgence de la situation et elle a inscrit son premier but à 4 min 54 s. Les Russes, malavisés, ont laissé un autre avant suisse, Nussbaumer, sans surveillance en zone privilégiée. Il a capté la passe du défenseur Simon le Coultre à la ligne bleue, a pivoté du coup droit et a poussé la rondelle derrière Kochetkov.
Des spectateurs vêtus de rouge et de blanc, surtout des partisans canadiens, ont encouragé les négligés en scandant Let's go Switzerland et Defence pendant un avantage numérique russe au milieu de la période.
Kostin, le capitaine russe, qui a publié des excuses sur Twitter après avoir manqué de respect à la suite de la défaite des siens contre les États-Unis en demi-finale, a réussi son troisième but du tournoi d’un tir de la zone privilégiée pour donner l’avance 3-1 aux siens à 12 min 53 s. Le joueur de 19 ans a célébré en se bouchant les oreilles.
« La foule huait l’équipe russe et moi personnellement », a dit Kostin. « Quand j’ai compté, ce fut automatique. Je l’ai fait automatiquement, mais je ne voulais offenser personne. »
Les Suisses ont refusé de baisser les bras. Avec moins de trois minutes à jouer, Kochetkov a réalisé deux fantastiques arrêts à la Dominik Hasek sur des tirs à bout portant de Justin Sigrist, mais la rondelle a volé dans les airs et Bruschweiler l’a frappé avec son bâton pour réduire l’écart à 3-2.
À propos de son jeu spectaculaire, Kochetkov a dit : « Après la série Canada-Russie de la LCH, la série annuelle en novembre, j’ai vécu un regain de confiance que je pouvais aussi être bon au niveau international. » Il a accumulé une superbe moyenne de but contre de 0,67 et un pourcentage d’arrêts de 97,8 contre les meilleurs de la WHL, de l’OHL et de la LHJMQ.
Tôt en troisième période, les Suisses ont bourdonné en zone offensive, mais Kochetkov a fermé la porte. Et Slepets, dans un exemple classique d’opportunisme russe, a fendu la défensive suisse en zone neutre pour s’avancer en échappée et pousser un tir du revers entre les jambes de Hollenstein à 6 min 33 s.
Pavel Shen a été le héros la veille du jour de l’An lorsqu’il a marqué le but gagnant contre ses hôtes du Canada, mais il a agi en écervelé lorsqu’il a écopé d’une punition mineure double pour bâton élevé avec moins de 10 minutes à jouer. Mais, Kochetkov a été aussi solide que les murs du Kremlin.
« Nous avons fait de notre mieux », a dit Gross. « Ça n’a tout simplement pas fonctionné pour nous. »
Pendant que la Russie se trouvait en désavantage numérique, Slepets a complété son tour du chapeau dans un filet désert avec son cinquième but du tournoi à 2 min 1 s de la fin du temps réglementaire.
« C’est un sentiment plutôt agréable », a dit Samorukov. « Tu gagnes ton dernier match, n’est-ce pas? C’est comme si c’était l’or. Les mots nous manquent. Tu deviens une famille quand tu passes deux, trois semaines ensemble. C’est incroyable de voir les gars et tout ceci. C’est très spécial. »
Incluant l’ère soviétique, il s’agit de la onzième médaille de bronze de tous les temps de la Russie.