De 1993 à 1997, le Canada a remporté cinq médailles d’or consécutives au Mondial junior. La mère patrie du hockey a répété l’exploit record de 2005 à 2009. Mais la donne a changé.
Regardez les finalistes. Au cours des années 2010, les Américains ont remporté trois médailles d’or (2010, 2013, 2017) et les Finlandais deux (2014, 2016), tout comme le Canada (2015, 2018).
Bienvenue à un nouvel ordre au Mondial junior de hockey dans lequel personne ne gagne de titres consécutifs.
Au fil des années, les États-Unis sont devenus les principaux rivaux du Canada pour la production d’aspirants à la LNH, les produisant comme des automobiles sur une chaîne de montage classique à Detroit. Cinquante-deux Américains ont été sélectionnés lors du repêchage 2018 de la LNH, y compris six en première ronde. Quatre d’entre eux sont ici à Vancouver : Quinn Hughes (Canucks de Vancouver), Oliver Wahlstrom (Islanders de New York), Joel Farabee (Flyers de Philadelphie), et K'Andre Miller (Rangers de New York).
Mais considérant que la Finlande a une population de seulement 5,5 millions et que celle des États-Unis est de 325 millions, la Finlande connaît un passage plutôt remarquable. En 2017, six Finlandais ont aussi été repêchés en première ronde. Trois d’entre eux seront sur la glace samedi soir au Rogers Arena : Urho Vaakanainen (Bruins de Boston), Henri Jokiharju (Blackhawks de Chicago), et Eeli Tolvanen (Predators de Nashville).
Évidemment, ceci n’est qu’un aperçu sélectif. Mais il illustre bien pourquoi l’entraîneur finlandais Jussi Ahokas et ses joueurs croient qu’ils peuvent faire en sorte que USA Hockey rentre chez elle avec une médaille d’argent.
« Je ne nous considère pas comme les présumés perdants », a dit Aleksi Heponiemi qui se trouve à égalité au sommet des pointeurs du tournoi avec huit points. « Je crois que nous formons une très bonne équipe cette année. Nous le sommes toujours. Je m’attends vraiment à ce que nous les battions demain. »
Les deux gardiens partants sont à la hauteur, littéralement et figurativement. Si les Finlandais ont été ravis du jeu d’Ukko-Pekka Luukkonen lors de leurs victoires de 2-1 en quart de finale sur le Canada et de 6-1 en demi-finale sur la Suisse, les Américains sont tout aussi satisfaits du jeu de Cayden Primeau lors de leurs victoires de 3-1 en quart de finale sur la République tchèque et de 2-1 en demi-finale sur la Russie.
« Il a été incroyable », a dit le défenseur américain Phil Kemp. « Il est une présence apaisante et nous avons une grande confiance en lui. L’entraîneur [Mike Hastings] prêche qu’il faut protéger la maison, les garder à l’extérieur, jouer en deçà des points, et forcer les mauvais tirs parce que nous savons que Primeau va réussir ces arrêts. »
Les Finlandais ont brillé défensivement tout au long du tournoi, n’accordant que neuf buts. Et pourquoi pas avec deux défenseurs de la LNH en Vaakanainen et Jokiharju? Mais en ronde préliminaire, ils n’ont marqué qu’un but lors de leur défaite aux mains de la Suède à leur premier match (2-1) et de leur revers contre les Américains la veille du jour de l’An (4-1). Ce n’est que lors du duel avec la Suisse qu’ils se sont vraiment mis en branle.
« Ce fut un début difficile », a dit Tolvanen, joueur étoile des Olympiques de 2018 qui a aussi battu le record de Yevgeni Kuznetsov dans la KHL pour le nombre de buts et de points par un joueur de 18 ans. « Personne ne croyait en nous. Comme groupe, nous sommes restés unis. Nous avons trouvé le moyen et nous avons surmonté les moments difficiles. Le match contre le Canada a été excellent. Aujourd’hui, ce fut bien. Nous allons être prêts demain. »
Même si samedi marque la première finale de tous les temps au Mondial junior entre ces deux nations, la confiance de la Finlande est basée sur les matchs serrés qu’elle a disputés contre les Américains à quatre Championnats mondiaux de hockey sur glace des moins de 18 ans de l’IIHF. À ce niveau, la rivalité est déjà bien établie.
En 2015, le but de Colin White en prolongation a permis aux Américains de remporter l’or par la marque de 2-1 à Zoug en Suisse, et ce, malgré la performance spectaculaire de 60 arrêts du gardien de but finlandais Veini Vehvilainen. En 2016, les Finlandais se sont vengés à Grand Forks, Dakota du Nord, en battant les États-Unis 4-2 en demi-finale grâce au but de dernière minute d’Aapeli Rasanen avant d’anéantir la Suède 6-1 en finale.
En 2017, les Américains ont remis les choses au clair en battant la Finlande 4-2 dans le match pour la médaille d’or à Poprad, Slovaquie, grâce, en partie, aux deux buts de Joel Farabee. Puis en 2018, les Finlandais du capitaine Toni Utunen ont battu les États-Unis 3-2 à Tcheliabinsk, Russie, à la suite du but gagnant de Niklas Nordgren en troisième période.
« Je crois que la [rivalité] est plus grande de nos jours parce que nous nous sommes affrontés si souvent », a dit Luukkonen. « Nous connaissons plusieurs des gars. La tension est donc un peu plus grande qu’à la normale lors de ces matchs. »
Outre leur défaite de 5-4 en prolongation à la Suède, les Américains ont joué du hockey défensif serré à Victoria et Vancouver, menés par leur capitaine Mikey Anderson (2-3-5). Mais l’entraîneur Mike Hastings a aussi vu plusieurs de ses avants compter, tandis qu’Ahokas attend toujours que Tolvanen, Rasmus Kupari, Kaapo Kakko et d’autres commencent à produire.
Ryan Poehling a joué avec maturité tout en accumulant huit points (5-3-8), livrant une chaude lutte à Heponiemi et à d’autres pour le premier rang des pointeurs du tournoi. Jason Robertson (1-6-7) a joué le rôle de fabricant de jeu à merveille, obtenant même une mention d’aide sur le but gagnant de Josh Norris contre les Tchèques. Farabee, Wahlstrom, Tyler Madden, Alexander Chmelevski... les Finlandais ne peuvent prendre personne à la légère.
« Ils jouent du hockey rapide et robuste », a dit Luukkonen. « Ils ont des joueurs très habiles. Il va sans dire que nous ne pouvons écoper de punitions demain. »
En fait, les unités spéciales des Américains pourraient bien être leur carte maîtresse. Les États-Unis affichent le meilleur jeu en avantage numérique (31,8 pour cent) et en désavantage numérique (92,3 pour cent) du tournoi, tandis que le jeu en avantage numérique de la Finlande est huitième (18,8 pour cent) et son jeu en désavantage est septième (77,2 pour cent). Ce sont là des écarts importants.
Et nous n’avons même pas parlé de Jack Hughes pressenti pour être le premier choix au repêchage de 2019, qui a raté les trois derniers matchs de la ronde préliminaire à cause d’une blessure, et dont les aptitudes ne font que commencer à poindre au tournoi. Sa célèbre chimie avec son frère ainé Quinn à la défensive s’est manifestée par moments. Il a obtenu trois mentions d’aide, la dernière sur le but gagnant de Chmelevski contre la Russie.
« Je me sens comme si je pouvais passer à un autre niveau », a dit Jack Hughes. « Je viens seulement de jouer mon troisième match du tournoi. Nous verrons comment les choses vont se dérouler demain, mais j’ai confiance en moi en ce moment. »
Kakko, qui pourrait être repêché deuxième au total derrière Hughes, ne cesse de s’améliorer (1-3-4). Mais le capitaine Aarne Talvitie a été l’attaquant le plus fiable de la Finlande, obtenant au moins un point par match jusqu’à présent (4-3-7).
L’imposant centre n’hésite pas lorsqu’on lui demande ce que la Finlande doit améliorer comparativement à sa défaite la veille du jour de l’An : « Nous devons mieux saisir les meilleures occasions de marquer. Nous devons aller devant le filet plus souvent, tirer la rondelle plus souvent et être plus actifs. Le début du match contre les États-Unis n’a pas été celui que nous avions espéré, et ils ont été très efficaces pour marquer des buts. Nous allons nous assurer de marquer des buts lorsque l’occasion se présente. »
Et tout se résumera peut-être à cela. À ce tournoi, les Finlandais n’ont pas encore prouvé hors de tout doute qu’ils peuvent rivaliser avec les « cinq grandes » nations. C’était bien de battre la Suisse, mais cela était aussi tout simplement nécessaire. Si les Finlandais peuvent libérer leur potentiel offensif samedi, ils peuvent gagner l’or. Ce devrait être une chaude lutte pour la médaille d’or, mais logiquement, il est difficile d’imaginer la Finlande soulevant le trophée sans que Tolvanen marque un seul but.
Mais encore, qui a dit que la logique devait être respectée lors d’une finale d’un Mondial junior moderne? Ce n’est plus l’ère où les partisans canadiens étaient en droit de s’attendre à ce que leurs équipes invincibles remportent des médailles d’or par quatre ou cinq buts. Le moment est venu de plonger dans l’inconnu et d’accueillir un nouveau champion.
Regardez les finalistes. Au cours des années 2010, les Américains ont remporté trois médailles d’or (2010, 2013, 2017) et les Finlandais deux (2014, 2016), tout comme le Canada (2015, 2018).
Bienvenue à un nouvel ordre au Mondial junior de hockey dans lequel personne ne gagne de titres consécutifs.
Au fil des années, les États-Unis sont devenus les principaux rivaux du Canada pour la production d’aspirants à la LNH, les produisant comme des automobiles sur une chaîne de montage classique à Detroit. Cinquante-deux Américains ont été sélectionnés lors du repêchage 2018 de la LNH, y compris six en première ronde. Quatre d’entre eux sont ici à Vancouver : Quinn Hughes (Canucks de Vancouver), Oliver Wahlstrom (Islanders de New York), Joel Farabee (Flyers de Philadelphie), et K'Andre Miller (Rangers de New York).
Mais considérant que la Finlande a une population de seulement 5,5 millions et que celle des États-Unis est de 325 millions, la Finlande connaît un passage plutôt remarquable. En 2017, six Finlandais ont aussi été repêchés en première ronde. Trois d’entre eux seront sur la glace samedi soir au Rogers Arena : Urho Vaakanainen (Bruins de Boston), Henri Jokiharju (Blackhawks de Chicago), et Eeli Tolvanen (Predators de Nashville).
Évidemment, ceci n’est qu’un aperçu sélectif. Mais il illustre bien pourquoi l’entraîneur finlandais Jussi Ahokas et ses joueurs croient qu’ils peuvent faire en sorte que USA Hockey rentre chez elle avec une médaille d’argent.
« Je ne nous considère pas comme les présumés perdants », a dit Aleksi Heponiemi qui se trouve à égalité au sommet des pointeurs du tournoi avec huit points. « Je crois que nous formons une très bonne équipe cette année. Nous le sommes toujours. Je m’attends vraiment à ce que nous les battions demain. »
Les deux gardiens partants sont à la hauteur, littéralement et figurativement. Si les Finlandais ont été ravis du jeu d’Ukko-Pekka Luukkonen lors de leurs victoires de 2-1 en quart de finale sur le Canada et de 6-1 en demi-finale sur la Suisse, les Américains sont tout aussi satisfaits du jeu de Cayden Primeau lors de leurs victoires de 3-1 en quart de finale sur la République tchèque et de 2-1 en demi-finale sur la Russie.
« Il a été incroyable », a dit le défenseur américain Phil Kemp. « Il est une présence apaisante et nous avons une grande confiance en lui. L’entraîneur [Mike Hastings] prêche qu’il faut protéger la maison, les garder à l’extérieur, jouer en deçà des points, et forcer les mauvais tirs parce que nous savons que Primeau va réussir ces arrêts. »
Les Finlandais ont brillé défensivement tout au long du tournoi, n’accordant que neuf buts. Et pourquoi pas avec deux défenseurs de la LNH en Vaakanainen et Jokiharju? Mais en ronde préliminaire, ils n’ont marqué qu’un but lors de leur défaite aux mains de la Suède à leur premier match (2-1) et de leur revers contre les Américains la veille du jour de l’An (4-1). Ce n’est que lors du duel avec la Suisse qu’ils se sont vraiment mis en branle.
« Ce fut un début difficile », a dit Tolvanen, joueur étoile des Olympiques de 2018 qui a aussi battu le record de Yevgeni Kuznetsov dans la KHL pour le nombre de buts et de points par un joueur de 18 ans. « Personne ne croyait en nous. Comme groupe, nous sommes restés unis. Nous avons trouvé le moyen et nous avons surmonté les moments difficiles. Le match contre le Canada a été excellent. Aujourd’hui, ce fut bien. Nous allons être prêts demain. »
Même si samedi marque la première finale de tous les temps au Mondial junior entre ces deux nations, la confiance de la Finlande est basée sur les matchs serrés qu’elle a disputés contre les Américains à quatre Championnats mondiaux de hockey sur glace des moins de 18 ans de l’IIHF. À ce niveau, la rivalité est déjà bien établie.
En 2015, le but de Colin White en prolongation a permis aux Américains de remporter l’or par la marque de 2-1 à Zoug en Suisse, et ce, malgré la performance spectaculaire de 60 arrêts du gardien de but finlandais Veini Vehvilainen. En 2016, les Finlandais se sont vengés à Grand Forks, Dakota du Nord, en battant les États-Unis 4-2 en demi-finale grâce au but de dernière minute d’Aapeli Rasanen avant d’anéantir la Suède 6-1 en finale.
En 2017, les Américains ont remis les choses au clair en battant la Finlande 4-2 dans le match pour la médaille d’or à Poprad, Slovaquie, grâce, en partie, aux deux buts de Joel Farabee. Puis en 2018, les Finlandais du capitaine Toni Utunen ont battu les États-Unis 3-2 à Tcheliabinsk, Russie, à la suite du but gagnant de Niklas Nordgren en troisième période.
« Je crois que la [rivalité] est plus grande de nos jours parce que nous nous sommes affrontés si souvent », a dit Luukkonen. « Nous connaissons plusieurs des gars. La tension est donc un peu plus grande qu’à la normale lors de ces matchs. »
Outre leur défaite de 5-4 en prolongation à la Suède, les Américains ont joué du hockey défensif serré à Victoria et Vancouver, menés par leur capitaine Mikey Anderson (2-3-5). Mais l’entraîneur Mike Hastings a aussi vu plusieurs de ses avants compter, tandis qu’Ahokas attend toujours que Tolvanen, Rasmus Kupari, Kaapo Kakko et d’autres commencent à produire.
Ryan Poehling a joué avec maturité tout en accumulant huit points (5-3-8), livrant une chaude lutte à Heponiemi et à d’autres pour le premier rang des pointeurs du tournoi. Jason Robertson (1-6-7) a joué le rôle de fabricant de jeu à merveille, obtenant même une mention d’aide sur le but gagnant de Josh Norris contre les Tchèques. Farabee, Wahlstrom, Tyler Madden, Alexander Chmelevski... les Finlandais ne peuvent prendre personne à la légère.
« Ils jouent du hockey rapide et robuste », a dit Luukkonen. « Ils ont des joueurs très habiles. Il va sans dire que nous ne pouvons écoper de punitions demain. »
En fait, les unités spéciales des Américains pourraient bien être leur carte maîtresse. Les États-Unis affichent le meilleur jeu en avantage numérique (31,8 pour cent) et en désavantage numérique (92,3 pour cent) du tournoi, tandis que le jeu en avantage numérique de la Finlande est huitième (18,8 pour cent) et son jeu en désavantage est septième (77,2 pour cent). Ce sont là des écarts importants.
Et nous n’avons même pas parlé de Jack Hughes pressenti pour être le premier choix au repêchage de 2019, qui a raté les trois derniers matchs de la ronde préliminaire à cause d’une blessure, et dont les aptitudes ne font que commencer à poindre au tournoi. Sa célèbre chimie avec son frère ainé Quinn à la défensive s’est manifestée par moments. Il a obtenu trois mentions d’aide, la dernière sur le but gagnant de Chmelevski contre la Russie.
« Je me sens comme si je pouvais passer à un autre niveau », a dit Jack Hughes. « Je viens seulement de jouer mon troisième match du tournoi. Nous verrons comment les choses vont se dérouler demain, mais j’ai confiance en moi en ce moment. »
Kakko, qui pourrait être repêché deuxième au total derrière Hughes, ne cesse de s’améliorer (1-3-4). Mais le capitaine Aarne Talvitie a été l’attaquant le plus fiable de la Finlande, obtenant au moins un point par match jusqu’à présent (4-3-7).
L’imposant centre n’hésite pas lorsqu’on lui demande ce que la Finlande doit améliorer comparativement à sa défaite la veille du jour de l’An : « Nous devons mieux saisir les meilleures occasions de marquer. Nous devons aller devant le filet plus souvent, tirer la rondelle plus souvent et être plus actifs. Le début du match contre les États-Unis n’a pas été celui que nous avions espéré, et ils ont été très efficaces pour marquer des buts. Nous allons nous assurer de marquer des buts lorsque l’occasion se présente. »
Et tout se résumera peut-être à cela. À ce tournoi, les Finlandais n’ont pas encore prouvé hors de tout doute qu’ils peuvent rivaliser avec les « cinq grandes » nations. C’était bien de battre la Suisse, mais cela était aussi tout simplement nécessaire. Si les Finlandais peuvent libérer leur potentiel offensif samedi, ils peuvent gagner l’or. Ce devrait être une chaude lutte pour la médaille d’or, mais logiquement, il est difficile d’imaginer la Finlande soulevant le trophée sans que Tolvanen marque un seul but.
Mais encore, qui a dit que la logique devait être respectée lors d’une finale d’un Mondial junior moderne? Ce n’est plus l’ère où les partisans canadiens étaient en droit de s’attendre à ce que leurs équipes invincibles remportent des médailles d’or par quatre ou cinq buts. Le moment est venu de plonger dans l’inconnu et d’accueillir un nouveau champion.